Toi de Zoran Drvenkar

- Editions Sonatine – 566 pages – 22 € -- ISBN : 2355841667

L’auteur né en Croatie en 1967 vit en Allemagne depuis l’âge de 3 ans. Auteur de romans, poèmes, scénarios et pièces de théâtre, Toi est le deuxième roman traduit en français ; le premier était Sorry, thriller sorti en 2011.

Le roman est divisé en parties et chapitres contant ce qui à priori est deux histoires distinctes se déroulant en partie à Berlin. Chaque chapitre porte le nom d’un des personnages et si le narrateur semble à chaque fois s’adresser à lui en le tutoyant, le lecteur s’aperçoit vite que « Toi » ce n’est pas seulement le personnage mais surtout le lecteur convié à entrer dans la peau de chaque personnage.

Celui que nous rencontrons tout d’abord, c’est « le voyageur ». En novembre 1995, une tempête de neige bloque la circulation sur l’autoroute. Les véhicules à l’arrêt se retrouvent isolés les uns des autres par la neige qui les recouvre. Un homme sort de sa voiture, se dirige vers la voiture qui le suit, ouvre la portière, étrangle le conducteur et passe au véhicule suivant. Evitant les voitures occupées par plus d’une personne il va ainsi faire 26 victimes avant de repartir quand la route sera dégagée. Deux années vont passer avant qu’il se manifeste à nouveau, mais cette fois ci dans un motel puis d’autres massacres auront lieu. La police ne le retrouvera pas car ses empreintes ne sont pas fichées, les crimes sans mobiles semblent dus au hasard et les victimes sont sans liens apparents si ce n’est de s’être trouvées au mauvais endroit au mauvais moment.

L’histoire suivante nous fait faire connaissance avec 5 jeunes filles. Elles ont entre 16 et 18 ans, c’est leur dernière année de lycée qui se termine. Cela fait maintenant presqu’une semaine que Taja n’a pas donné de ses nouvelles. Taja vit seule avec son père, veuf, riche musicien qui écrit des jingles pour la pub. Les 4 amies vont donc chez Taja et la trouve dans un triste état. S’étant disputée avec son père, celui-ci a eu une attaque alors qu’il était sous l’emprise de l’alcool et du cannabis. Désespérée, se sentant responsable, Taja s’est saoulée puis ayant découvert de la drogue dans la chambre paternelle elle a franchi la ligne. Dans un moment de semi lucidité elle a déposé le corps de son père dans le congélateur. Ses amies décident de l’aider à se désintoxiquer mais les médicaments coutent cher, et il faut partir ailleurs, pour cela elles vont tenter de vendre le stock de drogue. Hélas, les 5 kg d’héroïne appartiennent à l’oncle de Taja, un truand spécialisé dans le transport des matières illicites, et celui-ci veut récupérer son bien et de surcroit il est persuadé que son frère a été exécuté par Taja, sa nièce qu’il déteste. Les 5 filles vont alors s’enfuir pour essayer d’atteindre la Norvège, pays natal de Taja, et plus précisément « l’hôtel de la plage » où sa mère, dit-elle, est toujours en vie malgré les mensonges de son père.

Va donc s’en suivre, une course poursuite haletante digne d’un road-moovie à laquelle le voyageur, comme on s’en doute, finira par participer. Mais, où, comment et pourquoi ?

A l’intrigue passionnante, s’ajoute l’écriture originale et le rythme. Bien sur, ceux qui préfèrent rester dans la position du spectateur et qui refusent d’entrer dans l’histoire et se poser la question : à sa place qu’est ce que je ferais ?alors à ceux là je dirais : laissez tomber c’est pas pour vous.

Alain G.